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ECOLOGIE RADICALE
5 avril 2024

Le communisme électronucléaire : un cours du soir

Le communisme électronucléaire : un cours du soir 
Le Daubé l’avait annoncé : 
« Que faire pour que la Terre reste habitable ? Conférence-débat avec Sylvestre Huet, 
auteur de Le Giec – urgence climat (préface de Jean Jouzel). 15 février. 18h30, salle 
polyvalente de l’Île verte, 37 bis rue Blanche Monnier. » 
Comme je ne suis jamais allé dans cette salle, que j’ignorais même son existence, je demande mon 
chemin avec ma bouche à un être humain de type femelle, qui chemine également, mais d’un pas 
décidé, comme s’il savait où il allait. « - Vous allez aussi à la conférence ?, me dit l’être humain. – 
Oui, mais je ne sais pas où ça se trouve. – Moi, non plus, répond l’être humain, mais attendez, j’ai 
le GPS. » Puis l’être humain tripote une sorte de plaquette avec des touches et une lucarne 
lumineuse, et j’entends une voix non-humaine énoncer « … encore quinze mètres et à gauche. » 
Nous rions. Je remercie. Nous arrivons. D’autres êtres humains, de type grisonnant et bedonnant, 
battent en effet la semelle devant une porte ouverte. On me laisse entrer quoique je sois en avance. 
Une centaine de chaises, une banderole sur le mur de droite, de la société des lecteurs et lectrices 
de L’Humanité de Saint-Martin d’Hères, une affiche discrète sur un pilier annonçant que la réunion 
sera filmée et diffusée sur Youtube, une longue table couverte de livres en vente dans le coin à 
gauche, un écran au fond pour projeter le power point du conférencier. 
Il se trouve que l’on connaît un peu Sylvestre Huet, ce communiste scientifique. Il avait attaqué 
en décembre 2006, en tant que chef du service Sciences de Libération, notre « discours confus » 
sur les nanotechnologies (nous, Pièces et main d’oeuvre). Critique et réponse disponibles en annexe 
ci-dessous, et toujours en ligne sur www.piecesetmaindoeuvre.com. 
Nous l’avons croisé en chair, en os et assez agressif, quatre ans plus tard, lors d’une conférence de 
presse à Paris, le 23 février 2010, où nous nous expliquions sur notre campagne de sabotages des 
pseudo-débats de la CNDP (Commission nationale du débat public), visant à l’acceptabilité des 
nanotechnologies, quatre ans après la mise en service de Minatec. 13 pseudo-débats annulés ou 
sabotés sur 17. 
Note en passant, quand nous sabotons une réunion – nous, Pièces et main d’oeuvre –, c’est au CEA, 
aux nucléocrates, aux biocrates de la biologie de synthèse, que nous nous en prenons. Et non pas 
aux êtres queer, trans & Cie, dont nous critiquons par ailleurs et par écrit, l’idéologie délirante. 
Notre intervention lors de cette conférence et le bilan de cette campagne d’acceptabilité des 
nanotechnologies est toujours lisible sur Pièces et main d’oeuvre1. 
Sylvestre Huet ne se présentait pas alors comme communiste scientifique, juste comme journaliste 
à Libé, diplômé en histoire des sciences. Discrétion et duplicité. Le nombre de militants de tous 
bords qui se présentent comme « historiens » ou « journalistes », alors qu’ils sont d’abord des 
militants sur le « front de la presse » ou sur « le front des idées ». Des propagandistes sous 
couverture scientifique ou médiatique. 
Le militant Huet tient depuis 2017 la rubrique scientifique du Travailleur alpin, le journal 
communiste local ; ainsi qu’une chronique hebdomadaire, depuis 2022, à L’Humanité. J’ai sous les 
yeux celle du 12 février 2024, intitulée « Faut-il toujours chercher ? » 
Rassurez-vous, il ne s’agit que d’attaquer Raison présente, la revue de l’Union rationaliste, 
coupable de s’être demandé dans son dernier numéro, « Tout est-il souhaitable en recherche ? », et 
1 https://www.piecesetmaindoeuvre.com/necrotechnologies/revelations-le-veritable-bilan-de-la-cndp-nanos-enexclusivite-
par-pieces-et 


2 
d’avoir repris sous la plume du biophysicien François Graner, la question d’Alexandre 
Grothendieck, « faut-il interdire la recherche scientifique2 ? » 
Si vous ne connaissez pas François Graner, ni Alexandre Grothendieck, vous pouvez lire les articles 
que le premier et nous-même avons consacrés au second. Et pardon de tous ces liens qui hérissent 
ce texte3. 
Dans sa chronique de L’Humanité, Sylvestre Huet s’en prend une fois de plus à la « confusion », 
qui semble être son épouvantail fétiche lorsque l’on ose critiquer les technosciences et la société 
industrielle. Sylvestre l’avisé nous rappelle que les paysans du néolithique n’ont pas eu besoin de 
tronçonneuses pour raser la forêt. Que les massacreurs des temps passés ou des pays ruraux 
(Cambodge, Rwanda), n’ont pas eu besoin d’armements sophistiqués pour massacrer. Tout dépend 
de ce que l’on fait des haches et des tronçonneuses ; des haches et des armements sophistiqués. Il 
est donc « confus », selon Huet, d’inculper la société industrielle et technoscientifique pour sa 
production de bombes nucléaires, biologiques, chimiques, et pour toutes ses armes de destruction 
massive. Comme si ces armes n’avaient pas rendu la destruction plus facile, plus rapide, plus 
extrême, plus efficace. Comme si elles n’avaient pas permis un « saut qualitatif » dans la capacité 
de destruction. Comme si la tronçonneuse et le bulldozer à l’oeuvre dans la forêt amazonienne 
n’accomplissaient pas en quelques décennies la destruction que les haches du néolithique avaient 
mis des millénaires à accomplir en Europe. 
Mais dans ce cas, Sylvestre Huet, pourquoi produire des bombes et des tronçonneuses ? A quoi bon 
si elles ne sont pas plus performantes que des haches de pierre ? Où est le progrès alors ? Où est 
l’essor des « forces productives » (destructives), qui oriente pour tout communiste scientifique le 
« sens de l’histoire » ? Comment la production et la population mondiales ont-elles pu décupler, 
centupler, ravager les sols, les sous-sols, les eaux et les airs depuis deux siècles ? Il a bien fallu des 
moyens matériels, on n’arrive pas à un pareil résultat en jetant simplement et littéralement de 
l’argent par les fenêtres, ni en l’entassant dans un coffre – où, stupide valeur numérique abstraite, 
il s’accroit abstraitement, numériquement, en dormant ? Il faut bien que cet argent investi serve, 
soit asservi à la recherche et à la découverte scientifique, à la mise en oeuvre industrielle de 
nouveaux moyens de production. 
« Surtout, » insiste Sylvestre le clairvoyant, que « la plupart des résultats de recherche, en physique, 
chimie ou biologie, n’ont débouché sur aucune application technologique et industrielle. » Voilà 
une sentence qu’on pourrait relire sans se lasser comme rarissime symptôme d’insanité, tout en 
contemplant de sa fenêtre, les lignes électriques, les antennes 5G, les trains, les trams, les enseignes, 
les voitures et tous les signes apparents de la machinerie qui structure en surface et en sous-sol, la 
métropole contemporaine. Mais Sylvestre ne veut pas rien dire. 
« Qui a choisi celles (NdR. : « les applications technologiques et industrielles ») qu’il 
fallait utiliser et celles qu’il fallait négliger ? En fonction de quels intérêts et objectifs ? 
Ce fait indique que c’est plutôt vers l’organisation sociale, les intérêts de classe et les 
idéologies qui en surgissent qu’il faudrait tourner l’analyse. » 
Nous y revoilà. Tout dépend de qui choisit les applications technologiques et industrielles de la 
science. Pour notre communiste scientifique, c’est « l’appétit de profit rapide qui guide les choix 
des entreprises privées » et on s’explique donc que « la plupart des résultats de recherche, en 
physique, chimie ou biologie, n’ont débouché sur aucune application technologique et 
2 Cf. Raison présente n°228. https://www.cairn.info/revue-raison-presente 
3 https://www.piecesetmaindoeuvre.com/documents/devons-nous-arreter-la-recherche et 
https://www.piecesetmaindoeuvre.com/documents/alexandre-grothendieck-survivre-et-vivre-notre-bibliothequeverte-
no-36 


3 
industrielle. » Les capitalistes sont avides et avares. Ils n’investissent que dans très peu de 
développements, uniquement ceux susceptibles de leur rapporter vite et gros, délaissant toutes ces 
recherches n’ayant débouché sur nulle innovation « technologique et industrielle. » Gâchis, 
gaspillage, gabegie capitaliste ! Ah, si l’anticapitalisme et les anticapitalistes dirigeaient la société, 
ils transformeraient le monde – scien-ti-fi-que-ment – en un rien de temps, comme ils l’ont fait dans 
ce « camp socialiste » qu’ils ont dirigé assez longtemps pour en faire une des pires étendues 
empoisonnées et dévastées de la surface terrestre. 
Quant aux États et aux gouvernements (« l’organisation sociale »), libéraux, ultra-libéraux (« les 
idéologies »), ils sont au service des capitalistes, nous enseigne Sylvestre le sagace, et voilà 
pourquoi notre climat se réchauffe. Alors que « seul un contrôle démocratique éclairé par les 
connaissances – donc par la recherche – pourrait hisser (la prudence) comme guide des décisions 
citoyennes et politiques. » 
Traduction : le communisme scientifique et vice-versa. Le communisme ne peut être que 
scientifique et la science ne peut être que communiste. Où l’on retrouve sous le patelinage 
« démocratique » et « citoyen » de nos experts climatiseurs l’arrogance de Marx et d’Engels, la 
volonté de « contrôle politique », et la prétention au « gouvernement des savants », des 
« éclairés/éclaireurs », dénoncée en son temps par l’anarchiste Bakounine. 
Comme toutes les classes dominantes, cette technocratie communiste se couvre de l’intérêt 
général : 
« Bien formuler la question n’est pas un sujet académique, dénué d’importance pour 8 
milliards d’êtres humains. Car il serait risible de croire que l’allongement historique de 
l’espérance de vie en bonne santé de la population mondiale actuelle ne trouve pas 
l’une de ses sources dans l’usage massif de savoirs scientifiques et des technologies. 
Tout autant que de négliger ce fait : la puissance de ces technologies rend nécessaire 
une plus grande prudence dans leur déploiement. » 
Voyons voir : l’usage massif de la puissance, ou plutôt de la puiscience, est l’une des sources de 
l’emballement démographique planétaire depuis deux siècles et de « l’allongement de l’espérance 
de vie en bonne santé de la population mondiale » - chic – mais attention ! Cette puiscience est si 
puissante qu’elle nécessite une « grande prudence ». Elle peut tuer ou sauver. Comme le 
pharmakon, le remède qui peut aussi être un poison. Tout dépend de la dose. Mais qui donc sont 
les « prudents » à même de déployer cette puiscience sinon les savants, les chercheurs, les experts, 
les spécialistes, les scientifiques ? Autant dire la technocratie communiste pour désigner tout à la 
fois un régime social et sa classe dirigeante ; la classe de la puissance à l’ère technologique4. Aussi 
n’est-ce pas « l’appétit de profit rapide » qui a motorisé le ravage de la Terre depuis deux siècles, 
mais une volonté de puissance illimitée que les courants communistes et libéraux avaient également 
en partage ; quitte à se copier/voler dans leur course à la puissance, toutes sortes de moyens et de 
méthodes : l’organisation scientifique du travail comme les secrets de la bombe et de l’énergie 
nucléaire. Les voici également rendus à l’organisation scientifique du monde. 
Ce que réclament Sylvestre Huet et les communistes scientifiques, dans la droite ligne de Saint- 
Simon et d’Auguste Comte, c’est ce qui existe déjà : la subordination de l’État et du Capital au 
progrès de la puissance, sous la guidance des éclairés/éclaireurs qui orientent les plans 
d’investissement, de recherche & développement, à travers la multitude de commissions et 
d’exécutifs, locaux, régionaux, nationaux, européens, qu’ils « éclairent ». Soit à titre de 
consultants ; soit en tant qu’élus dans ces multiples instances. 
Simplement, le parti des communistes scientifiques dispute aux autres partis (écolos, libéraux, 
nationalistes), à prétention non moins scientifique, la représentation et la direction de la classe 
technocratique. Reste le programme commun à l’ensemble des partis technocratiques : Ordre et 
4 Cf. Marius Blouin, De la technocratie. La classe puissante à l’ère technologique. Service compris, 2023 


4 
Progrès. Remplacement du gouvernement des hommes par l’administration des choses ; 
informatique, cybernétique, machine à gouverner – d’où besoins exponentiels en électricité. 
Et c’est également à quoi travaille ce soir, avec orgueil et modestie, un idéologue de deuxième 
ordre, anxieux comme nous de sauver le monde et ses habitants. On pourrait certes formuler 
d’autres « bonnes questions » que la sienne. Quelles sont les autre sources de croissance d’une 
population en meilleure santé, hors le recours massif aux technosciences industrielles ? Pourraiton 
privilégier « massivement » ces autres sources ? Pourquoi serait-il mieux d’avoir une 
population de 8 milliards d’humains, et bientôt de 10 milliards, sur une planète carcérale de plus 
en plus réduite par les moyens de communication ? Quel prix écologique, social, psychologique, 
culturel, etc., payons-nous individuellement et collectivement pour une telle pléthore de 
population ? Et pour toute cette puiscience acquise en 200 ans ? Cette explosion démographique 
va-t-elle se poursuivre ? Apparemment non en Europe, en Russie, en Amérique du Nord, en Chine, 
au Japon, en Corée et partout où les femmes ont leur mot à dire. Apparemment oui, en Inde, en 
Islam et en Afrique subsaharienne. Mais notons que les pays en détresse démographique pourront 
bientôt recourir – outre l’immigration et la robotisation - aux nouvelles technologies reproductives 
(gamètes et utérus artificiels) pour faire pièce à la grève des ventres, « payer nos retraites », 
alimenter la croissance, la production, la consommation, etc. 
Tout le monde est arrivé. Nous voici une centaine dans une salle en grande majorité occupée par 
des êtres chenus ou grisonnants, dont quelques crampons qui s’incrustent dans toutes les réunions 
et conférences-débats grenobloises. C’est gratuit. Ca occupe leurs soirées. Et on leur laisse toujours 
une minute démocratique pour faire part de leurs utiles contributions. Les retardataires, dont 
nombre de militants, tiennent debout contre le mur du fond. On remercie la librairie partenaire. Le 
thème de la soirée s’affiche à l’écran : « Le climat change, pourquoi, comment, est-ce dangereux ? 
Que faire ? » Une caméra sur un trépied filme le public, cependant qu’un photographe multiplie les 
photos sous tous les angles, et spécialement sous l’angle de celui qui tente d’échapper à l’objectif ; 
celui qui ne veut pas se faire voler son image, ni la voir prise dans la Toile. Du reste, cela ne trouble 
pas les êtres communistes qui brandissent eux-mêmes des tablettes pour s’entre prendre en photo, 
eux et l’orateur ; au point qu’on a parfois l’impression d’assister à une réunion d’écrans-caméras à 
bout de bras. Antonin Grandfond, jeune attaché du groupe communiste à la Métro (37 ans d’après 
« Copains d’avant »), et docteur en nanotechnologie de l’Insa Lyon (décembre 2014), d’après le 
site de l’Institut national de science appliquée5, annonce le programme : une heure de conférence 
par Sylvestre Huet, un quart d’heure pour Grandfond afin d’« exposer le plan Climat du Parti », et 
ensuite « un court temps de questions – débat ». 
Sylvestre Huet se présente, sexagénaire au visage lisse et glabre, lèvres minces, étirées, fines 
lunettes, vaste front s’arrondissant d’un crâne en voie de calvitie, mâchoires costaudes, promptes à 
se crisper. « D’où je parle ». Journaliste depuis 1983. Son premier article en 1987 sur « les 
émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ». Explication du mécanisme de 
« l’effet de serre » à travers ses découvreurs successifs (le Grenoblois Joseph Fourier, en 1824 ; le 
Suédois Arrhenius, en 1896 ; l’autre Grenoblois, Claude Lorius, en 1987 - voir sa nécro en annexe, 
etc.). Puis l’exposé factuel dévie dans la falsification politique quand l’exposant aborde les causes. 
« …depuis la révolution industrielle, les êtres humains utilisent du charbon, du gaz, du 
pétrole… et surtout depuis la Seconde guerre mondiale, l’Homme émet du CO2 dans 
l’atmosphère… » 
5 Cf. « Étude de la fiabilité des mesures électriques par la microscopie à force atomique sur couches diélectriques ultraminces 
: Développement d’une technique de pompage de charge résolue spatialement pour la caractérisation des 
défauts d’interface », http://www.theses.fr 


5 
Bien qu’il ne prononce pas le mot, il semble à ce moment que Sylvestre Huet souscrive 
implicitement à l’étrange thèse de l’« Anthropocène », formulée par Crutzen (1933-2021) et 
Stoermer (1934-2012) à la fin du siècle dernier. Deux authentiques scientifiques éclairés 
(biologiste, chimiste), qui situent le début de cette nouvelle ère géologique à la « révolution thermoindustrielle 
», précisément datée de 1784 (machines à vapeur, pompes à feu, etc.). 
On voit donc que le grand coupable de ce brusque réchauffement climatique qui risque de rendre 
« la Terre inhabitable », ce n’est pas l’Anthropos, l’Homme, les « êtres humains », malgré leurs 
déprédations depuis 2,8 millions d’années ; mais – l’Industriel, et même le Thermo-industriel, 
apparu, lui, depuis deux siècles. Une conséquence aussi têtue qu’inacceptable pour nos 
scientifiques éclairés, ainsi que pour Sylvestre Huet, notre ennemi de « la confusion ». Et pour 
cause. Je note à la volée « … gaz, charbon, pétrole, c’est la vie ; 80 % de ce qu’on fait… industrie, 
transports… » Et notre « vie », hein, la société industrielle et son « progrès », ce n’est pas 
négociable. 
Passons sur les multiples conséquences catastrophiques de ce réchauffement climatique ; 
sécheresses, déluges, tempêtes, submersion des côtes, perte des sols, ravages agricoles, disettes, 
migrations de masse, etc. L’orateur n’ajoute rien de neuf au catalogue des fléaux déjà connus du 
chaos en cours. 
« Alors que faire ? » s’interroge-t-il. La diapo suivante nous donne la réponse en trois 
points. 
« – Fournir à 8 milliards d’êtres humains des conditions de vie décentes. 
– S’adapter au changement. 
– Atténuer le changement en diminuant les émissions de carbone. » 
Mais une nouvelle diapo résume encore ces trois points. On y voit des manifestants proclamer en 
banderole « changeons le système, pas le climat ». Le « système capitaliste » bien sûr, non pas le 
« système technicien » (Ellul, 1977), ni la société industrielle, alias « société de consommation » 
(Baudrillard, 1970). Il n’est pas question ici de décroissance – et encore moins de dépuissance. La 
salle, remplie d’êtres de bon sens, s’esclaffe, « et comment qu’on va nourrir les gens ? », « Et 
comment qu’on va s’habiller ? » On voit que les objections communistes scientifiques à la critique 
écologiste ont bien gagné en finesse depuis un demi-siècle. 
Sylvestre Huet concède qu’il va falloir réduire la demande de consommation – chez nous, au nordouest 
du monde - y compris pour ce public de militants des classes moyennes, gavé et dressé depuis 
des décennies à réclamer plus de « pouvoir d’achat ». Qu’il va falloir conserver, restaurer ou 
augmenter les puits de carbone naturels (sols, forêts). Mais c’est du bout des lèvres, en passant, 
comme une concession tactique, de pure forme, aux écologistes. 
Ainsi nos communistes réclament des transports en commun plutôt que des voitures individuelles. 
Ils s’esclaffent derechef quand on leur suggère d’arrêter les déplacements de foules et les transports 
de marchandises ; d’abolir l’industrie du tourisme, d’annuler les Jeux olympiques, d’arrêter le 
chantier de la ligne Turin-Lyon (en fait Lisbonne-Kiev). 
Leur véritable solution technologique, y compris dans le cadre du « système capitaliste », tient en 
un mot ; le même que celui des libéraux, des nationalistes et des renégats écologistes : 
décarbonation. D’abord le recours marginal aux « énergies renouvelables » - mais destructrices de 
matériaux rares, polluantes à produire et à implanter, lignes d’éoliennes (comme dans la baie de 
Saint-Brieuc), épandage de panneaux solaires (comme sur la montagne de Lure) - à condition que 
ces machines soient made in France et non pas chinoises. Mais surtout, surtout, « la fission 
nucléaire ». 
En France, nous dit Sylvestre Huet, nous avons de la chance et une électricité décarbonée à 95 %. 
D’abord grâce à l’hydroélectricité qu’on connaît bien ici, dans les Alpes, avec tous ces barrages et 
ces lignes qui remontent au XIXe siècle – mais tous les fleuves et torrents sont déjà « équipés ». 


6 
Artificialisés, industrialisés. Heureusement, deuxième coup de chance, « nous, la France », nous 
disposons d’une technologie nucléaire de premier ordre. Sylvestre Huet ne juge pas utile de 
rappeler que c’est aux scientifiques communistes, Irène et Frédéric Joliot-Curie (parmi d’autres), 
que « nous, la France » devons notre excellence nucléaire. La fille et le gendre de Pierre et Marie 
Curie, co-prix Nobel 1935 pour leurs recherches sur la radioactivité et codécouvreurs d’un 
« explosif puissant » ayant fait l’objet d’un brevet relatif au « Perfectionnement aux charges 
explosives » déposé le 4 mai 1939 à Paris6. 
C’est de ce brevet que s’enorgueillit L’Humanité du 8 mai 1945, lors du bombardement 
d’Hiroshima : « La bombe atomique a son histoire depuis 1938, dans tous les pays des savants 
s’employaient à cette tâche immense : libérer l’énergie nucléaire. Les travaux du professeur 
Frédéric Joliot-Curie ont été un appoint énorme dans la réalisation de cette prodigieuse conquête 
de la science »7. 
Irène et Frédéric Joliot-Curie, ces deux scientifiques communistes et industrialistes, dirigent en 
cette même année 1945, la création du Commissariat à l’énergie atomique, dont le premier 
détachement en province ouvre à Grenoble en janvier 1956, sous la direction de Louis Néel, prix 
Nobel de physique 1970. Je résume ici ce que Sylvestre Huet n’a pas dit au public de la Société 
des lecteurs et lectrices de L’Humanité. Sans doute faute de temps et parce que nombre d’employés 
ou retraités du CEA, dans la salle, connaissent cette histoire qui va sans dire. La grande supériorité 
de l’électronucléaire sur les énergies renouvelables (ENR, solaire, éolien), c’est qu’il est pilotable, 
nous explique-t-il. Contrairement aux énergies solaire ou éolienne ni régulières, ni stockables. Or 
rappelez-vous du thème de la soirée : que faire face au réchauffement climatique ? – décarboner 
l’énergie. Quelle énergie décarbonée est disponible et pilotable ? – L’électronucléaire. 
L’argument ne date pas d’aujourd’hui. C’était déjà celui qu’assénait Louis Néel (1904-2000) lors 
des débats du Conseil général de l’Isère, à propos de Superphénix, en 1977. Bien avant la 
découverte de « l’Anthropocène » par nos scientifiques éclairés ; douze ans avant la fondation de 
ce Giec dont Sylvestre Huet nous vante la direction clairvoyante. Tout fiérot de se faire préfacer 
par l’un de ses importants ; Jean Jouzel, lui-même chercheur au CEA et au CNRS de Grenoble. 
Écoutez Louis Néel : 
« … depuis que l’on brûle du charbon et du pétrole, la quantité de CO2 dans l’atmosphère 
avait augmenté de 10 % environ. Cette quantité plus grande de CO2 dans l’atmosphère 
produit un réchauffement indirect de cette atmosphère. On a pu calculer que ce 
réchauffement indirect dû à la présence de CO2 dans l’atmosphère était vingt fois la 
valeur du réchauffement direct par combustion ; ce qui vous montre l’importance du 
problème. Si nous continuons à développer les centrales à combustion fossiles, au même 
rythme qu’actuellement, à la fin du siècle on pourra arriver à doubler la quantité de CO2, 
et les conséquences écologiques de cette augmentation de concentration sont absolument 
impossibles à évaluer maintenant. Que se produira-t-il ? Il y aura sûrement un 
réchauffement de l’atmosphère, peut-être fusion des glaces du pôle, etc. Ce qu’il y a de 
grave dans cette augmentation du CO2 c’est que, si en ce qui concerne les déchets des 
centrales nucléaires on sait un peu comment s’en protéger, on n’a aucun moyen pour 
faire varier le taux de concentration carbonique dans l’atmosphère8. » 
C’est ce chantage au réchauffement climatique que les communistes scientifiques réactivent un 
demi-siècle plus tard, refermant ainsi le piège nucléaire. Le « débat » est en fait conçu pour rabattre 
peu à peu tous les participants, dans le cul-de-sac de l’unique meilleure solution. A partir de ce 
moment, que ce soit Sylvestre Huet qui s’exprime, ou Antonin Grandfond le représentant ès-qualité 
du Parti, la réunion se transforme en séance de propagande nucléariste et fanatique. Grandfond, 
6 Cf. Pièces et main d’oeuvre, Sous le soleil de l’innovation, L’Échappée, 2013 
7 lire aussi « Nucléaire : l’impasse de la puiscience » en ligne sur www.piecesetmaindoeuvre.com 
8 Conseil général de l’Isère. « Creys-Malville, le dernier mot ? ». PUG, 1977 


7 
visage poupin, futur dodu, « encore jeune » et sans lunettes, cheveux bruns coiffés à plat, nous 
énonce avec force les « propositions du Plan Climat du Parti pour 2050 », formulées par « la 
commission écologie du Parti » (« 800 membres, animée par un collectif national9 »), « modélisées 
par un camarade ingénieur10 » et publiées en novembre 2023 dans la revue Progressiste, une 
officine du PCF11. 
Rassure-toi, lecteur humain, je ne vais pas t’infliger la critique détaillée de ce plan dont j’ai les 
120 pages sous les yeux. Il y a pour cela des spécialistes et des collectifs, dont l’inénarrable Sortir 
du Nucléaire – condominium des Verts et du NPA - qui revendique 62 819 membres, 892 groupes 
et 15 salariés12 – mais pas un seul dans la salle, ce soir, pour contredire un prêche nucléarocommuniste. 
L’avantage d’Antonin Grandfond, c’est que disposant de peu de temps et d’une éloquence 
rudimentaire, il va à l’essentiel : 
« On aura besoin de beaucoup d’électricité. On propose un quasi-doublement de la 
production et de la consommation d’électricité. On propose l’électrification généralisée 
de l’activité économique. Objectif : 72 %. On aura besoin de toutes les sources 
d’énergies. On aura besoin des énergies renouvelables, l’éolien, le solaire, et on aura 
besoin du parc nucléaire. Le nucléaire, seul mode de production pilotable. On aura besoin 
du nucléaire en 2050. On a besoin d’installer des EPR. On propose de construire 20 EPR 
d’ici 2050, plus douze SMR. (NdR. Small modular reactor) » - En plus du maintien en 
service de 37 réacteurs déjà existants, jusqu’à 70 ans, « ce qui permet de lisser l’« effet 
falaise » et de disposer de 45,8 GW de nucléaire historique en 205013. » 
Antonin Grandfond : « La conclusion c’est qu’il faut réindustrialiser massivement. » 
Le PCF, composante du transparti technocratique, n’a rien d’autre à proposer qu’Emmanuel 
Macron et le Rassemblement national « pour que la Terre reste habitable ». Sauf la surenchère et 
la fuite en avant technologique : « Pour atteindre la neutralité carbone d’une façon techniquement 
réaliste et économiquement performante, il convient de planifier une relance de la filière 
nucléaire bien plus importante que celle envisagée par RTE et esquissée par le Président de la 
République actuel14. » Ce sont les auteurs qui soulignent en caractères gras. 
En somme, ils n’ont rien d’autre à proposer que la poursuite et l’emballement de ce que la classe 
thermo-industrielle - leur classe - a accompli depuis 1784. Rien d’autre que la politique de la Terre 
brûlée et son intensification. 
Comme disent les jeunes à tout propos, je suis choqué. 
Mais où vont-ils chercher de l’uranium, Huet & Grandfond ? Où vont-ils enfouir les déchets 
électronucléaires de leurs trains électronucléaires, de leurs vélos électronucléaires, de leurs 
logements électronucléaires, de leurs usines électronucléaires, de leurs réseaux, banques de 
données, ordinateurs, tablettes et smartphones électronucléaires ? Dans leurs caves ? Dans leurs 
jardins ? 
Ils ont pitié de ma naïveté, Huet & Grandfond. L’un m’explique qu’il faut « de la dialectique », et 
l’autre du « réalisme » ; « qu’on ne peut pas s’en tenir aux slogans, genre « on arrête tout, on 
réfléchit, etc. » Le combustible des centrales nucléaires, au cas où vous ne le sauriez pas, c’est de 
la dialectique. Où vont-ils chercher de la dialectique les communistes scientifiques ? 
9 https://www.pcf.fr>le_secteur_ecologie_old 
10 un certain Victor Leny, syndicaliste CGT et membre de la « commission écologie » du PCF 
11 « Plan climat Empreinte 2050 », revue trimestrielle Progressiste, « science, travail et environnement », revueprogressiste.
org 
12 https://www.sortirdunuleaire.org 
13 « Empreinte 2050 Plan climat pour la France », Parti communiste français et Progressistes, 6 novembre 2023, page 
47 
14 « Empreinte 2050 Plan climat pour la France », op.cit, page 6 
8 
« A plus court terme, la France dépend de ses imports d’uranium naturel de l’étranger 
(7,4 kt en 2019)15. Au cours des dix dernières années, la France a importé 
principalement de l’uranium du Kazakhstan (27%), du Niger (20%), d’Ouzbékistan 
(19%), d’Australie (14%) et de Namibie (14%)16. L’importance, certes significative, 
du Niger ne doit donc pas être surestimée, d’autant plus que l’entreprise Orano, leader 
mondial du combustible nucléaire, a rouvert une mine au Canada17 et prévoit d’en 
ouvrir une en Mongolie18 pour diversifier son approvisionnement. Par ailleurs, la 
France a produit jusqu’à 3,5 kt d’uranium grâce aux mines ouvertes sur son territoire 
par le passé, qui ont toutes fermé à partir des années 1980 pour raison économique. La 
réouverture de ces mines pourrait être intégrée au plan climat pour la France, Empreinte 
205019. » 
Ces dialecticiens veulent ravager jusqu’au fin fond de la Terre ; forer, torturer, arracher. Ce que de 
jeunes diplômés avides de concepts et de reconnaissance nomment « extractivisme », après avoir 
vu Trou story en 2011 ; le film des Québécois Robert Monderie et Richard Desjardins, qui 
documente les crimes de l’industrie minière en Abiti-Témiscamingue. Mais qu’est-ce que 
l’industrie minière, sinon une branche du crime industriel ? Du crime organisé en société ? 
A long terme (pas trop long), les communistes scientifiques veulent refaire Superphénix, le 
« surgénérateur à neutrons rapides » de Malville, construit au prix du sacrifice humain de Vital 
Michalon (31 juillet 1977). Une machine infernale qui n’a pratiquement jamais fonctionné entre 
1984 et 1996, et depuis lors « en démantèlement20 ». Creuser un trou, boucher un trou, c’est 
toujours des crédits et du pouvoir pour la nucléocratie communiste. 
« Les réacteurs à neutrons rapides ont la capacité, tout en produisant de l’énergie à partir 
d’uranium, de transmuter l’uranium 238 en plutonium 239 fissile. S’ils étaient déployés 
à suffisamment large échelle, ils réduiraient donc la consommation d’uranium d’un 
facteur 100. Avec son stock d’environ 320 kt d’uranium appauvri, la France pourrait 
ainsi être autonome en combustible nucléaire pendant 5000 ans21. » 
« La France dispose de compétences et d’une histoire industrielle en la matière avec 
les réacteurs Phénix (fermé en 2009), Superphénix (fermé en 1997), et le projet Astrid 
(abandonné en 2019) qui sera relancé22. » 
Rappelons que le plutonium n’est pas un élément naturel, mais un produit par irradiation et 
transmutation de l’uranium dans les réacteurs nucléaires. 
On se dit parfois que si les foules avaient conscience de l’existence du plutonium et de ses capacités 
exterminatrices, elles prendraient d’assaut les laboratoires et battraient à mort les scientifiques qui 
le fabriquent. Mais c’est évidemment Sylvestre Huet, le réaliste, qui a raison. Les foules sont 
heureuses de travailler à La Hague et de baigner dans un milieu radioactif. Tout ce qu’elles veulent, 
15 Cf. IAEA, NEA (2021). Uranium 2020 : Resources, Production and Demand. https://www.oecdnea.
org/jcms/pl_52718/uranium-2020-resources-production-and-demand 
16 Cf. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2023/08/03/a-quel-point-la-france--est-elle-dependante-de-luranium--
niderien_6184374_4355770.html 
17 Cf. https://www.orano.group/fr/l-expertise-nucleaire/tour-des-implantations/mines-d-uranium/canada/exploration 
18 Cf. https://www.orano.group/fr/actus/actualites-du-groupe/2023/octobre/orano-signe-un-protocole-d-accord-pourle-
developpement-et-la-mise-en-exploita-tion-d-un-projet-de-mine-d-uranium-en-mongolie 
19 « Empreinte 2050 Plan climat pour la France », op.cit, page 91 
20 Cf. « Mémento Malville » sur www.piecesetmaindoeuvre.com 
21 « Empreinte 2050 Plan climat pour la France », op.cit, page 91 
22 « Empreinte 2050 Plan climat pour la France », op.cit, page 93 


9 
les foules heureuses, c’est justement ne pas savoir, afin de jouir paisiblement de leur mode de vie 
douillettement électronucléaire. Elles battraient à mort l’ennemi du peuple qui tenterait de leur ôter 
ou de leur gâcher leur paisible jouissance électronucléaire et radioactive. Même une catastrophe, 
des milliers de morts et de malades, des zones dévastées, contaminées, militarisées, n’y suffirait 
pas. J’ai entendu l’autre soir un être retraité du CEA proclamer sans que nul ne tressaille ou ne le 
reprenne : « Il n’y a eu que 30 morts à Tchernobyl. » Cette flamboyante centrale communiste, 
conçue, construite et opérée par des scientifiques éclairés, éclairants. 
Le verdict de Pimprenelle est tombé impitoyable : « On devrait tous les obliger à lire La 
Supplication de Svetlana Alexievitch. » C’est vache. Moi, je n’ai pas voulu. Je n’ai pas osé. J’avais 
peur de fondre en larmes et de pleurer d’un bout à l’autre du bouquin. Enfin. Si vous avez le 
courage ; La Supplication : chroniques d’un monde après l’apocalypse. Lattès, 1998. 
Je suis d’ailleurs sûr que les communistes scientifiques pourraient lire La Supplication sans la 
moindre sensiblerie ; sans y voir autre chose qu’un retex, un retour d’expérience en vue de 
prochaines catastrophes à gérer en toute résilience. 
Le pire pour moi c’est l’absence d’apocalypse. Le consentement à la servitude nucléaire. Le 
fonctionnement sans fin sous la menace indéfiniment suspendue de la catastrophe. La société 
nucléaro-communiste avec son intangible hiérarchie de scientifiques, détenteurs de l’expertise 
nucléaire, maîtres de forces terrifiantes, prêtres et gardiens de pyramides maléfiques ; et encore 
protégés par une milice armée (vigiles, gendarmes, services secrets) ; garante de la sécurité des 
centrales et de la suprématie sociale des scientifiques. Une société morne et morbide à perpétuité. 
Huet le réaliste a la solution. 
Vous allez rire. 
Enfouir les « déchets ultimes » - ceux-là que même les scientifiques communistes n’envisagent pas 
de recycler - où l’on a extrait les minerais en premier lieu. Au fond de la Terre. Son visage 
s’enflamme tandis qu’il nous vante avec passion la sûreté du « stockage en couche géologique 
profonde », au fond des galeries souterraines de Bure - un hameau aux confins de la Meuse, de la 
Haute-Marne et des Vosges - pour les siècles à venir. C’est le projet Cigéo, l’enfouissement d’ici 
2035-2040, d’au moins 83 000 m3 des déchets les plus radioactifs et les plus longuement radioactifs 
dans les argiles intestines. L’idée semble l’exalter. Les Suédois le font ! Les Finlandais le font ! Et 
pourtant, hein, les Finlandais, c’est pas des bolcheviques ! 
Cette référence aux bolcheviques lui revient deux ou trois fois, quoique personne - même pas moi 
- n’ait rappelé la fameuse sentence de Lénine, il y a un siècle de cela ; « le communisme, c’est les 
soviets (NdR. conseils), plus l’électricité. » 
Huet a remplacé « les soviets » par le « contrôle démocratique23 », et « l’électricité » par 
« l’électronucléaire ». Il n’y aura pas plus de « contrôle démocratique » qu’il n’y a eu de « soviets » 
durant 60 ans de communisme technocratique. En revanche, il y aura bel et bien l’électronucléaire 
qui, en raison de sa complexité et de sa dangerosité, ne restera « contrôlable » que par la caste 
nucléocratique et sous la garde de sa milice. Sauf les accidents et les incidents (« le risque zéro 
n’existe pas. »), les attentats, les bombardements, etc.. Sauf les perpétuelles pollutions radioactives. 
Il sait de quoi il parle, Huet. Il travaille pour/avec l’Andra (l’« Agence nationale pour la gestion 
des déchets radioactifs24 »), à l’acceptabilité sociale de son projet Cigéo (« Centre industriel de 
stockage géologique de déchets radioactifs, hautement radioactifs et à durée de vie longue »). 
Il fait partie des quatre manipulateurs d’un « comité de pilotage » prétendu « indépendant », mais 
recruté par l’Andra, afin d’organiser une « conférence de citoyens » en mai-juillet 2021, pour vernir 
Cigéo d’une caution prétendue citoyenne25. L’Andra a également sous-traité l’animation de cette 
23 Cf. L’Humanité, 12 février 2024 
24 Cf. andra.fr 
25 Cf. https://www.andra.fr « Conférence de citoyens. Phase industrielle pilote de Cigéo » 


10 
opération de com’ à l’agence Missions Publiques. Une SARL de prestations en acceptabilité sociale 
d’une vingtaine de salariés, en activité depuis 1998 et propriété d’un certain Yves Mathieu, 
businessman en « démocratie participative » - « Participer, c’est accepter »26. 
J’ignore le montant du contrat entre l’Andra et Missions Publiques. La communication de l’Andra 
ne mentionne pas non plus de rémunération, ni de « frais de mission » pour les quatre « pilotes » 
de sa « conférence de citoyens ». Ils doivent travailler pour le bien public. De même que la 
vingtaine de marionnettes citoyennes recrutées par un institut de sondage, afin d’obtenir un 
échantillon sociologiquement représentatif de la population française. N’en sont exclus que les 
spécialistes et les « militants » (sic. Les opposants). C’est-à-dire ceux qui s’intéressant au sujet ont 
pris la peine de s’informer par eux-mêmes et de se forger leur propre opinion. Cela tombe bien, ces 
mêmes opposants refusent désormais de cautionner par leur présence les « pseudo-concertations 
prémâchées par l’Andra qui n’existence que pour alimenter sa communication27 ». 
Ce que veulent l’Andra, son prestataire Missions Publiques et notre quatuor de « pilotes », ce sont 
des « profanes » - suivant leur propre mot – des naïfs flattés de leur subite importance et dociles 
aux « éclairages » des experts et chercheurs qui viendront justement leur apporter « une 
information pluraliste et éclairée », « afin qu’ils se forgent une opinion éclairée ». C’est-à-dire une 
opinion reflétant les éclairages reçus, comme la lune reflète la lumière du soleil. Laquelle opinion 
n’a d’ailleurs aucune importance. Nos « citoyens », tels des rats de laboratoire, suivent un parcours 
préétabli, ne répondent qu’à des questions soigneusement bornées et ne formulent que des « avis », 
on ne peut plus consultatifs. Cette « conférence » se déroule en trois sessions de 2 à 3 jours, avec 
un programme de visites instructives à Bure et des cours non moins instructifs, donnés par des 
lumières électronucléaires, sur des sujets choisis : 
Jean-Michel Romary, directeur maîtrise d’ouvrage démantèlement et déchets, Orano. 
Delphine Pelligrini, cheffe de service, IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) 
Virginie Wasselin, cheffe du service stratégie filières, Andra. 
Yves Lheureux, directeur ANCCLI (Association Nationale des Comités et Commissions Locales 
d’Information) 
Anne-Cécile Rigail, directrice générale adjointe, ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire)…Etc., etc. 
Rien que des êtres nucléaristes, professant la nécessité du nucléaire et la possibilité d’une sûreté 
nucléaire, pourvu que l’on se plie à ses règles despotiques. Comme le disait Engels, ce communiste 
scientifique : 
« Si, par la science et son génie inventif, l’homme s’est soumis les forces de la nature, 
celles-ci se vengent de lui en le soumettant, puisqu’il en use, à un véritable despotisme 
indépendant de toute organisation sociale. Vouloir abolir l’autorité dans la grande 
industrie, c’est vouloir abolir l’industrie elle-même, c’est détruire la filature à vapeur 
pour retourner à la quenouille28. » 
Et si il y a une chose de sûre en l’espèce, c’est que nos communistes scientifiques ne veulent ni 
abolir l’industrie, ni retourner à la quenouille. 
Les citoyens, cependant, dûment programmés par Huet et ses copilotes, prennent de la hauteur : 
« Comment savoir, ce qui est vrai en science ? Comment expliquer la confusion de plus en plus 
fréquente entre faits et points de vue ? » Éclairages en visio-conférence avec Étienne Klein, auteur 
et propagandiste médiatique des technosciences. Philippe Saint Raymond, polytechnicien et 
ingénieur des Mines pour leur conter l’histoire de l’Autorité de sûreté nucléaire. Pauline Abadie, 
« juriste spécialisée en éthique, membre du Comité Éthique et société auprès de l’Andra » (une 
26 Cf. https://missionspubliques.org . « Intelligence collective et politique : 5 questions à Yves Mathieu » 24 janvier 
2020 cbabinchevaye.com 
27 voir en annexe le communiqué du 23 juin 2021 de la Coordination Stop Cigéo 
28 De l’Autorité, 1872 


11 
universitaire de Saclay), et Christian Gollier, économiste, directeur général de la Toulouse School 
of Economics, pour se poser les questions éthiques des relations intergénérationnelles (« que laisset-
on à nos descendants ? Nous empruntons la Terre à nos enfants »). 
La conclusion de ces débats, on la connaît. Le Conseil constitutionnel a jugé la mise en oeuvre du 
projet Cigéo conforme à la Constitution, le 27 octobre 202329 ; affirmant dans la même décision le 
droit des générations futures à vivre « dans un environnement équilibré et respectueux de la santé ». 
Pas de souci. Les ordures nucléaires seront récupérables durant un délai de 100 ans. Puis, ayant 
ainsi fait la preuve de son éternelle sûreté, la fosse sera scellée, et avec elle des déchets toxiques 
pour des centaines de milliers d’années – à moins qu’ils ne finissent par fuiter et s’infiltrer dans les 
eaux profondes30. 
Rien de nouveau pour les Grenoblois, même s’ils ont choisi de l’ignorer ou de l’oublier. Le 
Commissariat à l’énergie atomique de Grenoble (CEA-Ceng) a exploité des décennies durant trois 
réacteurs nucléaires en pleine ville : Siloé, Siloëtte et Mélusine. Le 7 novembre 1967, Siloé subit 
un grave accident, contaminant l’eau de sa piscine de refroidissement et dégageant des rejets 
radioactifs dans l’atmosphère. Le 19 juillet 1974, une fuite se produit dans le réacteur à haut flux 
de l’Institut Laue-Langevin. En raison de déversements trop importants d’effluents radioactifs dans 
des égouts insuffisamment étanches, la nappe phréatique est contaminée. En certains endroits, la 
concentration maximale admissible pour la population est dépassée de 14 fois dans l’Isère, jusqu’à 
9 fois dans la nappe phréatique. 
Après l’arrêt de Mélusine (8 mégawatts), en 1989, et de Siloé (35 mégawatts), en 1997, le CEA 
annonce l’arrêt de Siloëtte en juillet 2002. Le Daubé revient sur ces fermetures quelques mois plus 
tard, dans un entretien avec Jean Therme, le directeur du CEA-Grenoble. On y apprend que « les 
piscines des réacteurs Mélusines, Siloé et Siloëtte, qui contenaient de l’eau recouvrant le 
combustible seront vidées d’ici à la fin de l’année 2003. » Que « l’eau radioactive est régulièrement 
rejetée en petites quantités dans l’Isère. » « Mais que selon Jean Therme, les quantités rejetées sont 
tellement faibles qu’elles se diluent dans la rivière ; « Les traces de radioactivité dans l’Isère sont 
homéopathiques ». Et « tout aussi extrêmement faibles par rapport à l’environnement normal. » 
« Les sites seront alors rendus à l’herbe, promet Jean Therme, « Preuve que des installations 
nucléaires peuvent fonctionner à proximité d’un centre urbain pendant quarante ans et être ensuite 
démantelées sans impact pour l’environnement31 ». 
Jean Therme est parti à la retraite en 2015, nous laissant une rivière radioactive à doses 
homéopathiques. Ni oubli, ni pardon, même si je n’arrive pas à lui souhaiter son cancer. Quant à 
Huet, Grandfond et à leurs pareils de la « Commission écologie du Parti », qui persistent dans 
l’intoxication nucléaire et techno-progressiste, je ne leur demande que de boire chaque jour l’eau 
de l’Isère, afin d’éprouver par eux-mêmes « l’allongement de l’espérance de vie en bonne santé de 
la population mondiale ». 
Pièces et main d’oeuvre 
Grenopolis, 24 février 2024 
29 Cf. Le Monde, 27 octobre 2023 
30 Cf. Marion Lantoine, 12 mai 2012, « L’indicible éternité de la mort nucléaire », sur 
www.piecesetmaindoeuvre.com 
31 Le Daubé, 30 janvier 2003 


12 
Annexes 
Confusion à Libération 
13/12/2006 
https://www.piecesetmaindoeuvre.com/necrotechnologies/confusion-a-liberation 
Mercredi 13 décembre 2006 dans Libération (p.10 : « Le débat sur les nanotechs court-circuité »), 
Sylvestre Huet, chef du service Sciences, écrit : 
« ... pour Attac ou le collectif antinano Pièces et main-d’oeuvre (2), il n’est pas question 
de discuter d’un contrôle des risques sanitaires ou sécuritaires des nanomatériaux et 
nanotechs, mais plutôt de s’opposer aux "nécrotechnologies". D’où un discours confus 
qui mêle les vrais problèmes (toxicité des nanoparticules, contrôle démocratique des 
technologies d’identification, justification des subsides publics au privé) avec des 
anticipations technologiques douteuses ("les nanocaméras au service de dictatures"), 
sans faire le distinguo. » 
Nous ignorons d’où Sylvestre Huet tire cette parenthèse (« les nanocaméras au service de 
dictatures »), mais puisqu’il veut faire le malin sur un sujet que visiblement il maltraite, nous vous 
proposons ci-dessous quelques exemples parmi tant d’autres d’"anticipations technologiques 
douteuses" censées, selon lui, ne pas être de "vrais problèmes". Ce qui contredit nos informations 
à nous, sourcées et bénévoles. 
Si les chefs de service des « media de référence » croient encore pouvoir imposer leurs points de 
vue avec la force de frappe de leur « marque » et de leur diffusion, ils se trompent d’époque. Ce 
genre de bourde ne peut que hâter la disparition, et le plus tôt sera le mieux, du quotidien bobo. On 
ne se fait pas de souci pour Sylvestre, un garçon aussi raisonnable trouvera forcément un poste au 
service de com’ du CNRS, ou des bouquins sur commande à torcher pour Les Petites Pommes du 
Savoir. 
********* 
Pièces... 
1) Nano-frelon espion et tueur en Israël 
« Selon un quotidien israélien paru vendredi, l’état utilise la nanotechnologie pour créer des robots 
de la taille d’un frelon, qui seraient capables de pister, de photographier et de tuer les cibles qui lui 
seraient assignées. 
Le robot volant, connu sous le nom de "bionic hornet" ou frelon bionique, serait a priori capable 
de se frayer un chemin dans de tous petits endroits, afin de pouvoir réaliser de véritables opérations 
de frappes chirurgicales, avec par exemple la neutralisation d’ennemis auparavant difficilement 
atteignables, comme des soldats équipés de lance-roquettes, selon le quotidien Yedioth Ahronoth. » 
Voir : www.generation-nt.com 
2) Nano-drones en France 
Depuis 2003, la Délégation générale à l’armement (DGA) développe le projet "Libellule" de 
premier nano-drone français, qui pèse 20 mg pour une envergure de 6 cm. Le prototype a été conçu 
par SilMach (CNRS/Université de Franche-Comté sous contrat DGA). La France dispose déjà de 
micro-drones comme le DRAC (Drone de renseignement au contact) fourni par EADS à la DGA : 
moins de 12 kg, permet l’observation de jour comme de nuit. 
Voir : www.defense.gouv.fr/sites/dga/dossiers 


13 
3) Smart dust (poussières intelligentes) à Grenoble 
« Nom du laboratoire : IMEP - Grenoble 
Type de proposition : thèse, financement Région Rhône-Alpes 
Durée : 3 ans 
Domaine de compétence : microélectronique, système de radiocommunications, 
radiofréquences, électromagnétisme et propagation. 
Sujet de la thèse : étude de l’architecture et intégration d’un module pour Smart Dust 
Cette thèse est la première du projet "SOC - Smart Dust" du cluster financé par la 
Région Rhône-Alpes. L’objectif du projet est l’étude de faisabilité d’un "Réseau de 
capteurs embarqués sur des personnes (ou autres êtres vivants)". Ce réseau de capteurs 
sans fils composé d’éléments de la taille du millimètre (poussière communicante) 
utilise les avancées de la micro et nanotechnologie. (La thèse) comporte différentes 
parties étudiées en liaison étroite avec les laboratoires suivants participant au projet : 
LCIS-Valence ; LHAC-Chambéry ; IMEP-Grenoble ; CITI-Lyon. 
Contact : Fabien Ndagijimana, Professeur à l’Université Joseph-Fourier. IMEPENSERG. 
Tél. : 04 76 85 60 23, Mél : fabien@enserg.fr » 
Voir : www.minatec.com 
4) Informatique disséminée en Suisse 
« Dans notre vision du "Speckled Computing" (Informatique Disséminée), le recueil et 
le traitement des informations seront très diffus - les personnes, les objets et l’espace 
environnant devenant à la fois des outils informatiques et les interfaces avec ces outils. 
Les surfaces, les murs, les sols, les plafonds, les vêtements, vaporisés avec ces 
poussières, seront imprégnés d’une "aura informatique" et transformés en capteurs pour 
des interactions fortes avec les outils informatiques. » 
Voir : www.specknet 
Et le mot de la fin pour le Journal du CNRS (octobre 2005) : 
« Assurément, les nanotechnologies offriront donc la possibilité de fondre les 
technologies de l’information dans notre environnement. Et l’on parle déjà, par 
exemple, de poussières électroniques communicantes, minuscules systèmes capables 
de se mettre en réseau pour recueillir et transmettre des informations. » 


14 
Nécro(techno)logie 
Claude Lorius n’a rien vu en Antarctique 
22/04/2023 
https://www.piecesetmaindoeuvre.com/necrotechnologies/necro-techno-logie-claude-lorius-n-a-rien-vu-enantarctique 
Le glaciologue Claude Lorius est mort le 21 mars. Nous ne sommes pas du genre à gifler les 
cadavres, comme le firent les surréalistes à la mort d’Anatole France en 192432. Quoique la main 
vous démange à la lecture de la presse éplorée. Le Figaro salue le « pionnier de la climatologie 
moderne », Le Daubé le « lanceur d’alerte précoce », Libération le « géant des glaces », Le Monde 
le « héros légendaire ». Qu’a donc fait Claude Lorius (à part mourir) pour mériter de telles 
louanges ? Il a établi, en 1987, le lien entre la teneur en gaz à effet de serre dans l’atmosphère et 
l’évolution climatique. D’un point de vue scientifique, s’entend. Ses études ont vérifié les 
observations des montagnards : « ils ont détraqué les saisons ». Ce que chacun constatait en levant 
le nez, et ce qu’officialise le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale des 
Nations unies : « La perte d'épaisseur cumulée des glaciers depuis 1970 s'élève à près de 
30 mètres33 ». 
Claude Lorius avait rejoint l’université de Grenoble en 1968, avant de devenir directeur adjoint 
(1978-84) puis directeur du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement jusqu’en 
1989. A Grenopolis, nous avons toutes sortes de scientifiques. Joseph Fourier, mathématicien, ami 
d’Auguste Comte, préfet de l’Isère, fondateur de la Faculté impériale de Grenoble sous 
Napoléon Ier, décrit les principes de l’effet de serre en 182434. Il tombe à pic. D’après les plus 
certifiés des scientifiques, la révolution industrielle commence circa 1784 avec la machine à vapeur 
de Watt. A Grenopolis, elle commence modestement avec les tanneries, les chaudronneries, la 
mécanique, activités polluantes dont se plaint le Grenoblois moyen35. La révolution industrielle - 
et permanente - s’emballe avec l’utilisation de la Houille blanche (hydroélectricité) en 1869 par 
l’ingénieur Aristide Bergès dans sa papeterie du Grésivaudan. De proche en proche et 
successivement, se développent électrométallurgie, électrochimie, électromagnétisme, 
électronucléaire, micro-informatique, nanotechnologies, etc.36. Et la petite ville de 25000 habitants 
du temps de Stendhal et de Fourier devient une métropole de 450 000 habitants, avec 
120 laboratoires de recherche innovants et les dizaines de start up et de groupes industriels qu’ils 
ont créés sous les auspices de la « synergie recherche-université-industrie », stimulant toujours plus 
la production de gaz à effet de serre. Et parmi ces laboratoires, celui de Claude Lorius, qui démontre 
le lien entre les gaz à effet de serre d’origine « anthropique » (enfin, industrielle) et le 
réchauffement climatique. 
En voilà, de la technoscience circulaire. Elle tourne en rond depuis des décennies sans frein ni 
réflexion, tandis que fondent les glaciers au-dessus de la technopole, que s’assèchent les nappes 
phréatiques au-dessous, que disparaissent entre les deux le paysage et ses anciens habitants. 
Accélérer la catastrophe à proportion de la puissance technoscientifique et documenter la 
32 Philippe Soupault, Paul Éluard, Pierre Drieu la Rochelle, Joseph Delteil, André Breton, Louis Aragon, Un 
cadavre 
33 https://www.radiofrance.fr/franceinter/la-partie-est-deja-perdue-la-fonte-des-glaciers-bat-des-records-alerte-lonu-
8798627 
34 Cf. J.-Louis Dufresne, « Jean-Baptiste Joseph Fourier et la découverte de l’effet de serre », in La Météorologie, 
n°53, mai 2006 
35 Cf. Estelle Baret-Bourgoin, La ville industrielle et ses poisons. Les mutations des sensibilités aux nuisances et 
pollutions industrielles à Grenoble, 1810-1914, PUG, 2005 
36 Cf. Pièces et main d’oeuvre, Sous le soleil de l’innovation, rien que du nouveau !, L’Échappée, 2013 

15 
catastrophe, après tout, c’est toujours de la science. Et c’est elle qui prime et commande, à Grenoble 
comme ailleurs. 
C’est ce que nous fait savoir Claude Lorius ce vendredi 29 mai 2009. Nous tenons notre premier 
Café luddite, avec Jean Druon et son documentaire Un siècle de progrès sans merci. Un retour 
historique sur le rôle des physiciens - entre autres - dans la course au progrès technologique à tout 
prix, y compris celui de la destruction. 
La salle de la maison du Tourisme est comble. Surprise : le glaciologue est au premier rang. Mais 
après tout, il vient de recevoir le prix Blue Planet, « l’une des plus prestigieuses récompenses 
internationales dans le domaine de l’environnement » selon Le Monde, et il clame partout son 
inquiétude. 
« Avant, j’étais alarmé, mais j’étais optimiste, actif, positiviste. Je pensais que les 
économistes, les politiques, les citoyens pouvaient changer les choses. J’étais confiant 
dans notre capacité à trouver une solution. Aujourd’hui, je ne le suis plus… sauf à 
espérer un sursaut inattendu de l’homme37. » 
Un « sursaut inattendu », c’est ce qu’essaie de provoquer, à sa mesure, le courant écologiste, antiindustriel 
et naturien, en contestant la volonté de puissance et ses vecteurs contemporains les plus 
efficaces : la technoscience, l’industrie, la Machine. D’où notre Café luddite. Sacrilège ! Lorius 
tempête et quitte la salle sans débattre. On aurait pourtant aimé l’entendre sur les effets climatiques 
du développement de la « Silicon Valley française », oeuvrant au nanomonde connecté, à 
l’intelligence artificielle, à la biologie synthétique et aux innovations disruptives de l’industrie. 
L’incident en rappelle un autre, quelques semaines auparavant dans cette même salle, lors d’un 
hommage au glaciologue. Des Grenopolitains le sollicitent pour signer une pétition contre le projet 
de rocade nord et de tunnel routier sous la Bastille, destinés à accélérer les déplacements dans la 
technopole saturée de voitures et de pollution. Le « lanceur d’alerte précoce », pensent-ils, ne peut 
que s’alarmer de ce surcroît de gaz à effet de serre. Mais Lorius refuse : « Michel Destot m’a remis 
une médaille, si je signe il ne va pas être content ». 
Pour ceux qui l’ont déjà oublié, Michel Destot, maire de Grenoble de 1995 à 2014, est également 
un scientifique ! Et pas n’importe lequel. Ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique et 
fondateur d’une start up de simulation nucléaire, Corys. 
Finalement, les héros légendaires sont des scientifiques comme les autres. Offrez-leur des 
médailles, des prix, des postes, et des occasions d’exercer leur autonomie de pensée, et observez 
leur réaction. André Breton et ses camarades du Comité de lutte anti-nucléaire l’avaient bien dit en 
1958 : 
« Des noms parés de titres officiels, au bas d’avertissements adressés à des instances 
incapables d’égaler l’ampleur du cataclysme, ne sont pas à nos yeux un passe-droit 
moral pour ces messieurs, qui continuent en même temps à réclamer des crédits, des 
écoles et de la chair fraîche38. » 
*** 
37 Le Monde. 12 novembre 2008 
38 Comité de lutte anti-nucléaire, « Démasquez les physiciens, videz les laboratoires », 18/02/1958 


16 
Ses éclats anti-écologistes n’empêchent pas Claude Lorius de revenir en 2011 en penseur de la 
catastrophe, avec Voyage dans l’anthropocène, cette nouvelle ère dont nous sommes les héros39. 
« Depuis le XIXe siècle, comme le montrent les courbes comparées des températures 
et des gaz à effet de serre analysées dans les glaces des pôles, nous transformons la 
Terre tel qu’aucun autre événement cosmique, tellurique ou géologique ne l’a fait de 
manière aussi brutale depuis des millions d’années. Nous avons changé d’ère. (…) 
Puisque rupture il y a, il faut la nommer pour la voir, pour l’expliquer, pour l’autopsier, 
voire pour la conjurer. C’est pourquoi géologues et géophysiciens plaident aujourd’hui 
pour une nouvelle dénomination de cette période de l’histoire naturelle du monde : 
l’anthropocène. Bienvenue dans l’ère des humains40. » 
Rendons grâce aux scientifiques. Sans eux, sans le Groupe intergouvernemental d'experts sur 
l'évolution du climat (Giec) créé dans la foulée de la publication de Lorius en 1987, nous serions 
ignorants de notre culpabilité collective, que nous ne saurions ni nommer, ni expliquer, ni conjurer. 
Tiens au fait, qui se souvient de la création du Giec ? 
« Et c'est à` l'initiative de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan que, en 1988, le G7 
crée, sous les auspices des Nations unies, le Groupe intergouvernemental d'experts sur 
l'évolution du climat (GIEC)41. » 
Telle est la technocratie à l’oeuvre. Ne pouvant plus dissimuler les effets matériels, physiques, de 
sa course à la puissance, la classe du pouvoir, de l’avoir et du savoir invente la fiction qui en rend 
responsable l’humanité entière. Heureusement, Thatcher, Reagan, le G7 et les experts nous 
sauveront de nos errances. 
Lorius prétend nous livrer la cause du désastre en reprenant le terme d’Anthropocène, forgé au 
début des années 80 par le biologiste Eugène Stoermer. Celui-ci le popularise en 2002 dans un 
article de Nature corédigé avec Paul Crutzen, prix Nobel de Chimie 1995. 
Pardon de rabâcher, mais les nécrologies servent aussi à ça. Stoermer et Crutzen ne font pas 
remonter les causes du bouleversement géo-climatique à l’apparition de l’anthropos – à « l’ère des 
humains », comme le prétend Lorius - voici trois millions d’années, ni même à l’émergence du 
capitalisme. Ils situent le début de cette ère en 1784, année du perfectionnement de la machine à 
vapeur42. C’est-à-dire le début de l’usage des énergies fossiles : la révolution thermo-industrielle. 
Leur terme englobant d’Anthropocène est abusif et commode pour dissimuler la vraie rupture, celle 
du Technocène. La société industrielle, motorisée par les progrès technoscientifiques, a détruit les 
équilibres climatiques et écologiques. Point. 
Le Giec l’admet tacitement en calculant la hausse des températures « par rapport aux niveaux 
préindustriels43 ». Et Crutzen enfonce le clou, considérant qu’« après la phase I de l'ère industrielle, 
l'homme est entré de 1945 à 2015 dans la phase II de l'Anthropocène – dite la « Grande 
accélération » (Great Acceleration) qui voit l'augmentation accélérée de la concentration en 
39 L. Carpentier, C. Lorius, Voyage dans l’anthropocène, cette nouvelle ère dont nous sommes les héros, Actes 
sud, 2011 
40 Idem 
41 Jean Jouzel, La Recherche, 1/04/23 
42 Cf. L’Humanité Dimanche du 7/13 janvier 2021 
43 Giec, résumé à l’intention des décideurs, sur 
https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/09/SR15_Summary_Volume_french.pdf 


17 
dioxyde de carbone de l'atmosphère qui "atteint un stade critique car 60 % des services fournis par 
les écosystèmes terrestres sont déjà dégradés"44 ». 
L’anthropos moyen n’est pas plus responsable en 1945 qu’en 1784. En revanche, 1945 marque le 
début de l’ère de la Big Science, et d’une accélération technologique sans précédent. Et un nouveau 
seuil sur les courbes des émissions de gaz à effet de serre. Quelle surprise. 
Devant l’évidence, les technocrates mentent. Tirer les conséquences des faits serait reconnaître leur 
responsabilité, celle de la classe qui maîtrise, possède et développe les moyens de la puissance 
destructrice. Et non pas celle de l’humanité en général. Pire, cela impliquerait le renoncement à ce 
déchaînement de puissance. Non pas le retour à la bougie honni des progressistes mais, disons, le 
retour aux « niveaux préindustriels » du Giec ? 
Remonter à la racine des maux signifie regarder en arrière. Les causes, par définition, sont dans le 
passé. Lorius le savait bien, qui lisait dans ses carottes de glaces polaires les différentes étapes des 
dégâts industriels sur notre biotope. Mais ses conclusions, 30 ans plus tard, étaient celles d’un 
aveugle : « Comment encourager la croissance qui est nécessaire, en respectant 
l’environnement ?45 » 
La croissance de quoi ? Des températures ? Du niveau des mers ? De la sécheresse ? Bref, Lorius 
n’avait rien vu dans l’Antarctique. C’était bien la peine d’aller si loin et de brûler tant de kérosène. 
Il est trop tard pour les glaciers. Et pour nous, simples anthropoïdes ? 
Pièces et main d’oeuvre 
Grenopolis, 22 avril 2023 
44 https://fr.wikipedia.org/wiki/Anthropocène 
45 Lyon Mag, novembre 2007 


18 
Notes à l’intention des opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires en 
Meuse/Haute-Marne et aux pseudo-débats de la CNDP-Cigéo 
28/08/2013 
https://www.piecesetmaindoeuvre.com/necrotechnologies/notes-a-l-intention-des-opposants-a-l-enfouissementdes-
dechets-nucleaires-en 
Du 15 mai au 15 décembre 2013, la Commission nationale du débat public (CNDP) organise des pseudodébats 
sur l’enfouissement des déchets nucléaires en Meuse/Haute-Marne (projet Cigéo). Cette opération 
poursuit le travail d’acceptabilité engagé par la CNDP en 2005 avec une première série de pseudo-débats. 
A l’époque, deux réunions, à Cherbourg et Paris, avaient été annulées en raison du boycott de six 
associations (Amis de la terre, Agir pour l'environnement, France nature environnement, Réseau action 
climat, Greenpeace, WWF). 
En 2008, Sortir du Nucléaire constatait : « Lors du Débat public de 2005 organisé par la CNDP sur 
l’ensemble de la question des déchets nucléaires, l’option de l’enfouissement avait clairement été 
écartée... ce qui n’a pas empêché le pouvoir d’imposer cette option. Il est donc avéré qu’un Débat public 
n’apporte absolument aucune garantie. » (cf. hns-info.net) 
Comme en 2005, la caravane publicitaire de la CNDP a pour vocation de nous faire accepter des décisions 
déjà prises. Il faut être aveugle et sourd pour croire qu’il s’agit de débattre afin de décider collectivement. 
A l’attention de ceux qui croiraient encore à ces manipulations, rappelons quelques évidences. 
De « débats » en « débats », Cigéo avance 
La CNDP a été saisie par le maître d’ouvrage de Cigéo : l’Andra, c’est-à-dire l’autorité chargée de la gestion 
des déchets radioactifs en France. C’est elle qui initie l’opération, dont elle fixe l’objectif dans sa lettre de 
saisine : « Après le débat public conduit par la CNDP en 2005/2006 sur la politique de gestion des déchets 
radioactifs, ce nouveau débat doit permettre à l'Andra de présenter les avancées du projet depuis 2006, 
en particulier les aspects liés à la conception industrielle de Cigéo, sa sûreté, sa réversibilité, son 
implantation et sa surveillance. » 
Est-ce assez clair ? Non seulement il s’agit de communiquer aux cobayes les prochaines expériences menées 
sur eux – et non de discuter avec eux - mais en plus, signale l’Andra aux mal-comprenants, le projet avance, 
quelle que soit l’opinion de la population, et quels que soient les résultats du précédent « débat » de 
2006. Celui-ci n’a donc servi à rien. 
L’Andra anticipe la contestation du pseudo-débat 
Depuis des années, l’Andra s’est adjoint les services de sociologues de l’innovation et de l’acceptabilité 
pour désamorcer la contestation. Son « comité d’expertise et de suivi de la démarche d’information et de 
consultation (Coesdic) » l’alimente en rapports et recommandations tirées de l’analyse des « controverses » 
scientifiques récentes (ITER, nanotechnologies, OGM). Dans son rapport d’activité 2010, le Coesdic écrit 
à propos de Cigéo : « Un argumentaire solide qui explique pourquoi le débat public est nécessaire doit 
être élaboré. Une bonne façon de procéder est de partir des critiques auxquelles donne ou pourrait donner 
lieu l’organisation du débat à venir (le débat sur le débat fait aussi partie du débat ): « cela ne sert à rien 
car tout est décidé », « les gens ne participeront pas et le débat fournira une tribune aux opposants qui vont 
le saboter », etc. Dans la préparation de cet argumentaire, l'Andra doit notamment introduire des éléments 
d’information sur les autres expériences de débats organisés par la CNDP (EPR, ITER, déchets 
radioactifs) ». 
Si l’Andra a besoin d’un « argumentaire solide », c’est que l’illégitimité des pseudo-débats éclate 
désormais à chaque apparition de la CNDP et des officines d’acceptabilité. La mise en scène de la 
« démocratie technique », consistant à réunir des experts et des contre-experts sous les yeux d’un public 
considéré comme ignare, à éduquer, ne dupe plus grand-monde. Mais au moins cela donne-t-il du travail 
aux sociologues et aux agences de communication. 
La sociologie de l’innovation et l’acceptabilité au service du fait accompli 
Au sein du « comité d’expertise et de suivi de la démarche d’information et de consultation » de l’Andra 
siège Michel Callon « directeur de recherche, professeur de sociologie à l’école des Mines », nous dit le site 
de l’agence. Complétons ce CV minimaliste. 


19 
Callon s’est fait connaître comme théoricien de la « démocratie technique » avec un livre paru en 2001. Agir 
dans un Monde Incertain, Essai sur la démocratie technique, co-écrit avec Lascoumes et Barthes, expose 
les concepts qui, en quelques années, ont colonisé les institutions scientifiques et politiques. Ce livre enjolive 
le risque en « incertitude », les conflits politiques en « controverses socio-techniques », et propose une 
nouvelle façon de résoudre ceux-ci par des « forums hybrides » - pseudo espaces ouverts dans lesquels se 
réunissent experts, politiques et « profanes » pour mettre en oeuvre une « démocratie dialogique » et trouver 
un compromis sur les sciences et les technologies. 
Mode d'emploi : n'entrez pas dans la confrontation directe, tâchez d' « organiser, maîtriser les débordements 
sans vouloir pour autant les empêcher. » Multipliez les débats publics. Admirez le résultat avec ce cas 
concret : « Le nucléaire qui en sortira sera socialement, politiquement et même techniquement 
complètement différent du nucléaire qui aurait été décidé en dehors des forums hybrides. Parler "du" 
nucléaire en général n'a aucun sens. Jouer au jeu de ceux qui sont pour et de ceux qui sont contre est encore 
plus inepte. » Ce miracle qui transforme votre problème-nucléaire en solution-nucléaire s'appelle une 
forfaiture. 
Il n'y a pas plus de « démocratie technique » que de « science citoyenne » ou de roue carrée : la 
démocratie est la participation de tous aux choix politiques, quand la technique est l'affaire des 
spécialistes. Ayant vendu les sciences humaines à « l’innovation », Callon et ses semblables ne 
recommandent jamais d’introduire le politique dans le technique, ni de rappeler aux scientifiques leur 
responsabilité sociale. Leur solution au contraire consiste à imposer la logique technicienne au corps social, 
à encourager chacun à faire valoir son expertise. Ce ne sont pas les technologies qui doivent être soumises 
à la décision démocratique, mais les individus politiques que l’on contraint à endosser l’éthos technocrate. 
La « démocratie technique », c'est la négation du politique. Et un aveu : la technologie étant la poursuite de 
la politique par d’autres moyens, seul un simulacre de démocratie peut tenter de maintenir l’illusion d’une 
participation de tous aux choix collectifs. 
Agir dans un monde incertain est devenu la bible des décideurs. La chimère politique de la « démocratie 
technique », bricolée par des experts pour vendre leurs services à une démocratie « en crise », a créé un 
fromage pour des chercheurs en sciences sociales, sociologues des « usages » et de l’acceptabilité, et autres 
fourgueurs de « procédures de dialogue avec le peuple » clés en main. Cette chimère a contaminé le monde 
social et la nuée d’associations citoyennistes prêtes à se jeter sur n’importe quel dispositif leur donnant de 
l’importance et des financements. Et qui collaborent sans ciller aux manipulations de la « citoyenneté 
technique », de l’« expertise profane », de la « co-construction » de nécrotechnologies « citoyennes ». 
Acceptabilité : de leur propre aveu 
Magali Bicaïs a passé plusieurs années dans un laboratoire R&D (Recherche et développement) de France 
Telecom. Selon elle, « l’acceptabilité sociale est associée aux nouvelles technologies, car elles transforment 
nos manières de vivre. On parle d’acceptabilité sociale quand on travaille sur une technologie susceptible 
d’avoir des conséquences sur l’organisation sociale elle-même. Avec les techniques d’acceptabilité, on a 
franchi un nouveau pas : il s’agit d’anticiper ce qui peut être toléré. La question n’est plus celle des besoins 
ni des envies, mais de savoir ce que les consommateurs, ou les citoyens, ne vont pas supporter ». (revue Z, 
n°1, printemps 2009) 
Les sociologues des usages (chargés de l’acceptabilité des nouvelles technologies) employés par France 
Telecom R&D ont eux-mêmes donné leur recette : « Faire participer, c’est faire accepter », disent-ils. 
Participer, c'est accepter, par un effet mécanique de connivence et de coopération qui aboutit toujours au 
plus petit dénominateur commun. 
Vous faire participer aux pseudo-débats de la CNDP, c’est vous faire accepter l’enfouissement des déchets 
nucléaires. 
En outre, en participant à ces mascarades, vous aidez décideurs et communicants à peaufiner leurs 
argumentaires pour mieux étouffer la contestation. Voyez vous-mêmes : 
« Un défi majeur pour les porteurs de projet est de pourvoir identifier les opposants pour trouver un 
interlocuteur privilégié avec qui négocier. (…) C’est à travers une grille d’analyse des systèmes d’acteurs 
que les décideurs peuvent caractériser les opposants et leur mode d’intervention afin de définir une réponse 
adaptée à chacune de leurs interrogations, voire de les impliquer dans le projet in fine. » (« De 
l’acceptabilité à l’adhésion », projet universitaire réalisé pour la Fabrique de la Cité) 


20 
L’imposture des « autorités administratives indépendantes » 
Premier argument des décideurs qui saisissent la CNDP pour monter une opération de propagande autour 
de leur projet : cette instance est « indépendante ». Vraiment ? 
Qui sont les commissaires de la CNDP ? Des parlementaires et élus locaux, des membres de hautes 
juridictions (Conseil d'État, Cour de cassation, préfectures, tribunaux administratifs, etc.), des représentants 
d'associations. Qui les nomme ? Le président de la République, les présidents du Sénat et de l'Assemblée 
nationale, le Premier ministre sur proposition du ministre de l'Écologie, etc. Qui finance et héberge la CNDP 
? Le ministère de l'Écologie. 
Bref, dans "Autorité administrative indépendante", le mot important est administrative. Il s’agit 
d’appendices de l'État qui les utilise à sa guise. 
La Commission nationale du débat public le reconnaît d’ailleurs, dans son rapport d'activité 2008-09 : « Une 
Autorité administrative indépendante est une institution de l'État chargée, en son nom, d'assurer la 
régulation de secteurs considérés comme essentiels et pour lesquels le Gouvernement veut éviter 
d'intervenir trop directement. » Bref, un pare-feu pour détourner de l’État les oppositions. La CNDP, 
comme l'ont prouvé ses précédents « débats » sur les déchets nucléaires ou sur ITER, est de ces leurres 
destinés à épuiser la colère des sans-pouvoir dans une pseudo agora, afin que chacun rentre chez soi 
vaincu, mais provisoirement soulagé d'avoir vidé son sac. 
La commission est si peu libre qu'elle ne peut pas même s'auto-saisir. Saisie par les maîtres d'ouvrage ou 
autres autorités (l’Andra dans le cas de Cigéo), elle doit animer le débat public sur la base du dossier fourni 
par le maître d'ouvrage du projet concerné. Qui plus est, elle entretient avec lui d’étroites relations, plus ou 
moins habilement dissimulées. Voici comment elle décrit celles-ci : 
« Durant la phase préparatoire : coopération étroite dans la préparation des dossiers mais le maître 
d'ouvrage reste totalement responsable du fond ; le maître d'ouvrage est libre de sa communication mais 
tient la CPDP (Commission particulière du débat public) informée de ses initiatives. 
Durant le débat proprement dit : la CPDP traite tous les intervenants, y compris le maître d'ouvrage, sur 
un pied d'égalité ; le maître d'ouvrage s'abstient de toute communication en-dehors du débat piloté par la 
CPDP. » 
On appréciera le type d'indépendance qui laisse l’Andra « totalement responsable du fond », c'est-à-dire 
maître du dossier avant le débat, pour créer dans la phase publique et médiatique une illusion de distance et 
de neutralité. Il ne suffit plus d'être naïfs pour croire à l'imposture de ces dispositifs. Il faut aussi avaler 
l'humiliation d'être à ce point manipulés. Qu'il se trouve encore des associatifs, « militants responsables », 
pour jouer le jeu d'une telle hypocrisie, constitue sans doute l'obstacle majeur pour espérer freiner la 
catastrophe. 
Les débats achevés, à quoi servent les rapports de la CNDP ? « La loi ne confère à la CNDP aucun pouvoir 
juridique réglementaire ou de sanction » (rapport d'activité). La Commission du débat public peut 
émettre tous les avis qu'elle juge utile, sans que rien n'impose aux autorités de les suivre. Le pouvoir 
ne prend même pas la précaution de dissimuler son mépris. 
Leur dépendance mise à jour par les les opposants, les responsables de la CNDP se rabattent sur la défense 
de leur « neutralité ». Prétendre à la neutralité, tel l'arbitre du match de foot, laisse croire que deux équipes 
égales s'affrontent sur le terrain. Comme si la puissance de l'État, de l'industrie et des laboratoires de 
recherche - leurs milliards de crédits, leurs personnels, leurs appareils technico-administratifs, policiers et 
de communication - pouvait se comparer à l'activité des opposants aux nécrotechnologies, réduite de fait à 
la simple expression. Des mots contre un rouleau compresseur à pleine vitesse. 
Problème élémentaire : sachant que sur les deux plateaux d'une balance reposent, d'un côté un morceau de 
plomb, de l'autre une plume, si l'on ajoute le même poids des deux côtés – un poids neutre par conséquent 
– de quel côté penche la balance ? 
Dit autrement : rester neutre entre la chèvre et le chou favorise qui ? 
La posture neutre dans un rapport de forces inégales favorise mécaniquement le pouvoir face aux sanspouvoir, 
le dominant face au dominé. 
Déjouer la manipulation : bref retour sur la CNDP Nanotechnologies (2009-10) 
Depuis que nous, Pièces et main d’oeuvre, diffusons nos enquêtes critiques sur les nécrotechnologies, nous 
avons été sollicités par les organisateurs de pseudo-débats pour participer à leurs mascarades : cycle 


21 
NanoViv à Grenoble (2006), CNDP sur les nanotechnologies (2009-10). Comme nous l’écrivait le président 
de la CNDP-Nanos : « Pour que cette exercice de démocratie participative – certains préféreront dire 
d'intelligence collective – réussisse, il est évidemment indispensable que tous ceux qui ont quelque chose 
d'important à dire sur le sujet, le disent et le disent dans le cadre du débat. C'est pourquoi nous comptions 
sur votre participation active à ce débat. » 
Et pour cause : en nous « mouillant » dans leur combine, les animateurs de la démocratie technique auraient 
gagné le label « cautionné par les opposants », et étouffé notre critique jusqu'à la rendre inaudible. En 
refusant de jouer le jeu, nous avons fait des nanotechnologies un problème politique et non une 
controverse technique entre experts. En témoignent les nombreux articles, rapports, études, publiés après 
le fiasco de la CNDP-Nanos. Vous souvenez-vous de ce qu’ont défendu France nature environnement, les 
Verts ou les Amis de la Terre, tous participants de ces pseudo-débats ? Non ? Ne blâmez pas votre mémoire : 
leurs voix se sont perdues, englouties par le dispositif de « démocratie technique ». S’il existe aujourd’hui, 
dans le grand public, l’idée d’un « problème avec les nanotechnologies », c’est en partie parce que des 
opposants ont refusé de participer à la manipulation d’opinion, et ont exprimé leurs griefs directement, sans 
passer par le filtre de la « procédure » officielle. Pour la même raison, nous avons saboté le pseudo « Forum 
sur la biologie de synthèse », autre simulacre de débat organisé en avril 2013 à Paris.46 
Participer aux pseudo-débats sur l’enfouissement des déchets nucléaires, c’est donner à l’Andra la 
seule chose qui lui manque dans son projet ficelé : l’approbation des opposants. Quoi qu’imaginent les 
tenants d’une participation citoyenne, le simple fait d’exprimer leur opposition dans le cadre des pseudodébats, 
la rend digestible par la machine technocratique. Qui n’en pourra que mieux justifier la poursuite de 
ses projets, puisque tout le monde aura pu s’exprimer. 
De façon plus générale, le dispositif CNDP est à bout de souffle. Trop de contestation, d’annulations, 
d’humiliation (le débat public sans public). Les pouvoirs publics observent l’opération CNDP-Cigéo 
avec attention : en cas de nouvel échec, ils enterreront ces procédures lourdes, pour en revenir à des 
délibérations parlementaires, notamment à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et 
techniques. Au moins les décideurs politiques ne se cacheront plus derrière de pseudo-autorités 
indépendantes. L’échec de la CNDP-Cigéo permettrait de clarifier le rapport de forces entre les sanspouvoir 
et le pouvoir. 
Il n’est évidemment pas question d’en venir à une quelconque forme de démocratie directe, ni de permettre 
aux populations de décider par elles-mêmes des choix techno-industriels, quels que soient les effets qu’elles 
auront à supporter. 
L’autre terme de l’alternative, c’est l’exode sur Internet, qui permet de conjuguer la « modernité » et la 
« sérénité des débats » en les dématérialisant, et en supprimant toute présence physique des opposants. 
Éventuellement, ce refuge virtuel se pérennisera, se perfectionnera et permettra d’éviter le retour à l’échelon 
politique (parlementaire). 
Pièces et main d’oeuvre 
Grenoble, le 27 août 2013 
https://www.piecesetmaindoeuvre.com/necrotechnologies/notes-a-l-intention-des-opposants-a-l-enfouissementdes-
dechets-nucleaires-en 
46 Voir Les chimpanzés du futur au pseudo Forum de la biologie synthétique sur www.piecesetmaindoeuvre.com et 
le film « La révolte des chimpanzés du futur » sur https://vimeo.com/66593144 


22 
Communiqué du Cedra, 23 juin 2021 
Communiqué Stop Cigéo : Conférence citoyenne en cours, pourquoi nous n'y participons 
pas. 
Alors que la conférence citoyenne sur la phase-pilote de Cigéo lancée l'Andra est en cours, nos 
associations sont contactées à la fois par le Comité de pilotage et par certains des 17 membres tirés 
au sort. Il semblerait que notre refus de participer (ainsi que celui des organisations nationales) que 
nous avions pourtant explicité ne soit pas compris. Nous souhaitons donc le préciser. 
Nous ne participons pas aux pseudo concertations prémâchées par l'Andra qui n'existent que pour 
alimenter sa communication. 
En l'espèce, ni le cadre ni le périmètre de la conférence citoyenne ne permettent la contestation du 
projet Cigéo. L'objectif de nos associations n'est pas d'accompagner la gouvernance du projet vers 
plus de transparence mais vise son abandon. 
Afin que cette position soit comprise comme un acte politique et pas présentée comme un simple 
refus de dialogue, nous avons rédigé cette réponse collective à l'attention des membres de la 
conférence citoyenne (voir ci-dessous) et nous la rendons publique. 
*************************************************************************** 
Copie du courrier envoyé 
Coordination Stop Cigeo (Collectifs Burestop 55, Cedra 52, Eodra, MNE/Meuse Nature 
Environnement) 
Mardi 22 juin 2021 
aux Membres de la Conférence de citoyens sur la phase industrielle pilote de Cigéo 
Mesdames, messieurs 
Suite à votre demande d'audition le 2 juillet prochain, exprimée le 16 juin 2021 par l'un de vos 
membres auprès du collectif Burestop55, nous souhaitons préciser certains points. 
Notre refus de participer à la conférence de citoyens, engagée par l'Andra, sur le projet de phasepilote 
Cigéo reste inchangé. 
Nous ne participons à aucun processus pseudo-consultatif, dont le périmètre et l'objectif ne 
permettent pas de remise en cause profonde du projet Cigéo. Débats publics, concertations locales 
autour de l'annexion et de la destruction progressive de notre territoire (notamment des travaux 
lourds d'aménagements préalables), études et enquêtes sociologiques déployées depuis plus de 20 
ans, programmes COWAM... se succèdent depuis les années 2000 et ne font plus illusion. 
Vous trouverez suffisamment d'éléments vous permettant de comprendre notre position sur le projet 
Cigéo, et plus particulièrement sur la phase pilote (phase opérationnelle du projet 
d'enfouissement), sur nos sites internet et au travers de nos nombreuses publications. Nos 
arguments sont étayés, solides, publics et transparents. 
Nous comprenons votre désappointement, voyez cependant notre refus de vous rencontrer tel un 
acte politiquement assumé, reflet de la fracture sociétale récurrente et à venir autour du projet 
Cigéo ; à verser à votre dossier si vous le souhaitez. 
Toutes infos sur 
www.burestop.eu 
https://cedra52.jimdofree.com/ 
PHASE PILOTE : tester mais quoi ? 
CIGEO : COFFRE-FORT GEOLOGIQUE ? DEMYSTIFIER LE MYTHE ! 
Communiqué Coordination StopCigéo : 
« VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE pour 20 apprentis conférenciers citoyens »... 

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Commentaires
ECOLOGIE RADICALE
  • Ce blog en a marre de ramener l' écologie au tri de poubelle, afin de culpabiliser le citoyen ce monsieur propre. Nous nous allons attaquer l' industrie, les déchets des diverses guerres dans le monde. Guerres toujours activent avec leurs bombes dans les
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